Accueil > Actualités photovoltaïques > Le textile photovoltaïque veut se faire une place au soleil
Une membrane légère et flexible
Un spécialiste des membranes techniques a développé un système complet intégrant un composite silicone-fibre de verre et modules photovoltaïques. Le résultat est une membrane souple et légère, qui produit de l’électricité, et dont les applications potentielles sont nombreuses.
Explications avec Sébastien Baril, le chef de produit Texysolar chez Serge Ferrari.
Et si les installations photovoltaïques n’étaient pas forcément toutes de grands panneaux de verre plats ? Grâce à la solution développée par l’entreprise rhônalpine Serge Ferrari, il est possible d’envisager désormais des centrales photovoltaïques intégrées à des tentures ou des structures légères et aériennes. Sébastien Baril, chef de produit, nous parle de cette innovation : "Notre produit Texysolar est sorti commercialement au début de 2013, mais nous avons réalisé cinq années de développement au préalable. Le sujet des membranes photovoltaïques était suivi depuis le début des années 2000, mais les recherches se sont intensifiées en 2006-2007". A cette période, la société française, spécialisée dans les membranes textiles, se met en quête d’un partenaire pouvant intégrer des cellules photovoltaïques à ses produits. C’est finalement avec l’Américain Power Film que se conclut l’accord.
La problématique était alors de fixer les modules laminés au silicium amorphe sur la membrane composite. "Le tissu est en fait une membrane silicone spécifique avec une armature fibre de verre. Les cellules photovoltaïques sont cousues sur cette membrane, fournissant un produit prêt à l’emploi", nous précise Sébastien Baril. "Le confectionneur n’a rien d’autre à faire que son métier habituel. Il peut coller cette membrane photovoltaïque sur une bâche juste en enlevant le liner". Le tissu autoadhésif s’installe facilement grâce à une colle à tenue renforcée. Les avantages de la solution seraient nombreux : la membrane PV pèse 10 fois moins qu’une solution solaire classique avec 1,4 kg/m², ce qui facilite à la fois son transport et son installation sur des structures légères ou temporaires. "De plus, les tensions ne sont pas transmises directement à la cellule solaire, grâce à l’ensemble colle + coutures qui déconnecte les capteurs des charges transmises par la membrane", poursuit le chef de produit. Et en fin de vie, il est facile de retirer les cellules photovoltaïques afin de les recycler.
Mais quid de la résistance de cette membrane et de la chaleur dégagée par les capteurs solaires ? "La résistance au vent a été testée jusqu’à 250 km/h. Grâce à l’air qui circule entre les cellules et la couche de silicone, qui elle-même agit comme un isolant, il y a dissipation de la chaleur", assure Sébastien Baril. Et les toiles sont classées feu, afin d’éviter tout risque.
De nombreuses applications possibles
Quelle sera donc l’utilité d’une telle membrane qui produit environ 50 W/m² ? Il sera par exemple possible d’équiper des velums ou des bâches de stade, comme cela pourrait être envisagé au Qatar. "Depuis 18 mois, nous avons réalisé des essais chez des clients, dont des ombrières de parking aux Etats-Unis, ou des installations en site isolé où l’électricité produite est stockée dans des batteries. Nous avons notamment équipé un village de bungalows qui sont autonomes en électricité entre mai et septembre, pour les usages d’éclairage, ventilation et électroménager (mais pas pour le chauffage). De plus, ils offrent une autonomie de cinq jours en cas de déficit d’ensoleillement". Les structures modulaires comme des tentes pourraient également voir leurs équipements de sécurité LEDs rendus autonomes par l’intégration de capteurs solaires souples. De même, des réservoirs souples pourraient disposer d’agitateurs ou de pompes alimentés par l’électricité solaire.
L’avenir est donc brillant pour le tissu photovoltaïque. La société Serge Ferrari a d’ailleurs signé une réalisation emblématique : l’alimentation de l’affichage LED de la montgolfière de Paris, qui informe les habitants de la capitale sur la qualité de l’air. "L’architecture textile est pour demain. Nous sommes en discussion avec la Mairie de Paris pour installer des membranes en ville et des voiles d’ombrage dans les stades", confie le chef de produit. "Nous n’avons pas vocation à recouvrir toutes les membranes de cellules photovoltaïques évidemment, mais d’apporter un service supplémentaire à nos clients sur des marchés de niche", conclut-il. Le prix, de trois à quatre fois celui d’une installation photovoltaïque classique équivalente, limitera sans doute les excès.